Les éditions Gallimard on fait très fort pour cette fin d’année dans le domaine de la littérature classique. Reprenant le texte emblématique de Marcel Proust, « Un amour de Swann », les éditions Gallimard ont demandé au peintre Pierre Alechinsky, dont la réputation n’est plus à faire, d’enluminer le texte magistral dont tout le monde connaît au moins le contenu pour l’avoir lu ou en avoir entendu conter l’histoire. Conjuguer Marcel Proust avec un peintre moderne était un pari. C’est un pari réussi : le résultat est un merveilleux livre, à avoir impérativement dans sa bibliothèque et à offrir à ses amis les plus chers, sans parler de sa famille, jeunes et moins jeunes compris. Cet objet est complémentaire à toute édition que l’on pourrait posséder des œuvres de Marcel Proust, y compris la Pléiade. En effet, il s’agit autant d’un livre, d’un texte, que d’une œuvre d’art sous forme de livre. Il s’en dégage une poésie qui donne encore davantage d’ampleur au texte, et pour ceux qui seraient réticents à lire une de nos écrivains français les plus géniaux, c’est le moment de s’y pencher ! Le livre se présente sous la forme d’un grand format, qui reprend la présentation de l’illustre « collection blanche » de Gallimard : fond crème, double bordure rouge, fin cadre noir. A l’intérieur, l”écriture est très aérée, ce qui facilite la lecture d’un texte dont le style incomparable en fait à la fois la beauté et la difficulté. Chaque page est ornée dans la marge d’un dessin, ou plus exactement d’une enluminure de Pierre Alechinsky, dans les tons bleu, noir et marron. Enluminure symbolique et illustrative qui souligne le contenu du texte. Il en résulte quelque chose de tout simplement magnifique, subtil, élégant, qui parle à nos sens et à notre esprit. Les enluminures donnent une sorte de modernité au texte, sans lui ôter quoi que ce soit de son contenu ni de sa verve, bien au contraire, il le met harmonieusement en valeur. Ainsi, le duo Marcel Proust-Pierre Alechnisky fonctionne parfaitement bien, le lecteur est tout simplement envoûté. C’est simple, dès la première page, on a envie de se mettre à la lecture des suivantes ; pour peu que l’on trouve un bon fauteuil et un moment pour lire, on est immédiatement embarqué dans l’univers proustien que l’on ne quittera qu’avec regret. En somme, un conseil, si ce n’est une chaude recommandation, voire un ordre : précipitez-vous chez votre libraire, car voilà un livre à ne laisser échapper sous aucun prétexte.